Une rencontre avec … Thibault Bérard

Dans le cadre du parcours “Les petits champions de la lecture”, nous avons eu le plaisir d'accueillir Thibault Bérard dans les médiathèques Jean-Pierre-Vernant (Chelles) et Simone-Veil (Courtry).
L’auteur :
Thibault Bérard est né dans les années 80 à Paris. Dès ses 7 ans, tout son entourage sait qu’il va écrire. Son p’tit surnom c'était “Thibault dans la lune” parce qu’il était très rêveur mais pas rebelle. En grandissant, il se tourne donc vers des études de littératures puis devient journaliste pendant quelque temps pour finalement faire de l’édition pendant plus d’une dizaine d'années.
En tant que responsable du secteur roman aux éditions Sarbacane, il a publié des textes tels que Le Journal de Gurty, mais il a également créé la collection Exprim’, où il a notamment fait paraître certains écrits de Clémentine Beauvais.
Quelques années avant de quitter l’édition, des suite d’un événement tragique dans son milieu familial, il a une pulsion d’écriture qui lui permet de retranscrire en seulement quelques mois tout l’ouragan émotionnel qu’il a pu traverser. Ce sera son premier roman : Il est juste que les forts soient frappés, éditions de l’Observatoire, janvier 2020.
Il a beaucoup aimé son métier d’éditeur mais après toutes ces années, il décide de l’arrêter pour reprendre son rêve d’enfant : l’écriture. Désormais, cinq ans après, il écrit 5 à 6 livres par an.
Des idées ?
Il en a plein ! Elles viennent des gens qu’il rencontre, petits et grands. Elles se trouvent dans ce qui l'entoure mais aussi dans l’enfant qu’il a été et dans ses enfants. Surtout sa petite troisième qui est un vrai petit clown, elle a d’ailleurs inspiré à 100% le personnage principal de la série de première lecture : Polka.
Il s’inspire aussi beaucoup des films et des livres qu’il a pu découvrir tout au long de sa vie tels que Les Goonies, Retour vers le futur, et bien d’autres…
Rien de mieux qu’un exemple pour illustrer son imagination débordante !
Suzanne Griotte, personnage emblématique de la série éponyme, est une vieille dame pas très gentille qui fait un gros clin d'œil à l’univers de Roald Dahl. Mais, quelques années après, Thibault Bérard s’est rendu compte qu’elle ressemblait beaucoup à sa voisine, quand il était petit !
Dans le quartier régnait un mythe sur cette personne : elle kidnapperait les enfants pour les enfermer dans sa cave…
Sur quoi c’était basé ? Le fait qu’elle soit flippante et qu’elle ait l’air un peu folle.
La vérité ? Elle était juste seule et triste.
Y-a-t-il un message derrière tout ça ?
Thibault Bérard déteste le mot “message”, il a l’impression de mettre une pancarte sur chaque livre avec cette expression. Pour lui, il est plus important de raconter une histoire avant toute chose. Et après, bien-sûr qu’en racontant cette histoire des mots et des actions vont faire passer des messages, mais il ne veux pas que cette idée vienne en premier quand on lit une de ses histoires. Cela doit se faire tout seul au fur et à mesure de la lecture.
Même si ses livres ne sont pas autobiographiques, excepté le premier, il ne peut s’empêcher de semer quelques faits de sa vie au fil de l’histoire. Par exemple, on retrouve beaucoup de famille monoparentale dans ses romans.
Après une partie d’échange de questions/réponses sur ses créations, l’auteur nous en a dit un peu plus sur sa série historique : Léo et les orphelins de Paris.
Focus sur Léo et les orphelins de Paris :
Ce roman est un projet de commande, c’est-à-dire qu’une maison d’édition, Albin Michel, a contacté Thibault Bérard afin de lui demander d’écrire une série dans la collection histoire jeunesse.
Au début, il est un peu réticent parce qu’il ne s’y connaît pas si bien en histoire et il pense la collection pour un public très genré. Suite à ça, il décide donc de lire un tome de Élisabeth à Versailles et finalement, il change d’avis et commence à réfléchir à quelle époque il aimerait romancer. Là, il pense à Princesse Sarah, qui est inspiré d’une série de roman historique La petite princesse. Mais il pense aussi à Oliver Twist de Dickens. Et le projet est lancé !
Il part donc dans un récit à travers Paris car c’est là qu’a eu lieu une des révolutions les plus incroyables de l’Histoire. Tout ce qui a été mis en place grâce à elle est vraiment monumental mais ils ont tous été massacrés.. et leurs actions ont été écrasées par le gouvernement qui en a pris tous les trophées. Par exemple, ce n’est pas du tout Jules Ferry qui a créé l’école mais bien les communards.
Il a choisi un personnage principal féminin parce qu’il aime beaucoup mettre en scène des filles et pouvoir apporter des propos féministes. Qu’est-ce que c’est d’être une fille finalement ? On a pu constater dans l’histoire, à plusieurs reprises, que c’était souvent injuste d’être une fille mais en contrepartie, c’est tout de même plus simple de se déguiser en garçon pour vivre.
Au niveau des inspirations, on est toujours sur ses filles aînées pour Léopoldine et pour ce qui est du groupe de maraudeurs, c’est un mélange de lui et ses copains quand ils étaient petits, Les Goonies et La Guerre des boutons.
Actuellement, il est en cours d’écriture du tome 7. Le rythme de parution est d’environ deux tomes par an et pour ne pas perdre l’inspiration et la crédibilité de ses récits, Thibault Bérard n’hésite pas à tester ses idées dans la vraie vie. Par exemple, quelques jours après notre rencontre, il avait rendez-vous pour un vol en montgolfière afin de se mettre à la place de ses personnes dans le tome qu’il est entrain d’écrire.
Le contexte historique n’est qu’un décors, maintenant qu’il connaît ses personnages par cœur, il peut se permettre des tomes avec beaucoup plus d’aventure, comme le tome 6 qui est d’ailleurs son préféré. Il a même pu y glisser une petite histoire d’amour avec Arthur Conan Doyle.
Pour conclure la rencontre :
Après presque deux heures d’échanges, Thibault nous a lu un extrait de La Demeure, un roman d’horreur pour grands ados qui est encore en cours d’écriture pour janvier 2026.