Notre avis
Nous n’aurions jamais imaginé que To All Trains serait un album posthume. La disparition subite de Steve Albini en a pourtant décidé ainsi. C’est donc une chronique en forme d’hommage que nous rédigeons aujourd’hui.
Shellac, groupe ô combien précieux bien que confidentiel, l’un des trois projets de Steve Albini, aura marqué son époque aux yeux des amoureux de rock indépendant. Et ils ne seront pas déçu à l’écoute de ce dernier album du trio de Chicago qui, dix ans après Dude Incredible conserve sa verve et son intransigeance originelle. Homme intègre du rock, Steve Albini n’a jamais dévié de sa ligne directrice et à travers Shellac a réussi en six albums à traverser trois décennies avec la même rage et la même foi dans la musique et le son.
Nous retrouvons donc au fil des dix titres de To All Trains l’énergie qui porte le trio depuis ses débuts. La basse lourde de Bob Weston et le jeu sec de Todd Trainer à la batterie ont toujours quelque chose de puissant et de diablement addictif. Pour la plupart courts et radicaux, les morceaux de ce disque à la production une fois de plus impeccable possèdent une âme qui pénètre l’auditeur et infuse délicieusement. Les boucles répétitives de Girl From Outside, de Tattoos, ou de I don’t fell Hell, la guitare entêtante de Chick New Wave, la batterie en majesté de Wednesday, le dialogue guitare/batterie de Scrappers, le rebond de How I wrote How I Wrote Elastic Man (Cock & Bull), l’urgence de Scabby the Rat, chacun des dix titres de l’album a quelque chose de marquant à proposer. Et bien sûr, le chant de Steve Albini, présent et vivant partout avec la même envie qu’aux débuts. Un merveilleux chant du cygne.