Résumé
- Alors qu'est-ce que vous faites dans la région, dites-moi un peu, s'inquiète le commandant Parker. - Disons que c'est pour un film que je suis en train de tourner, indique Robert. Comme vous voyez. - On ne m'en avait pas averti, regrette le commandant, mais voilà qui m'intéresse beaucoup. Et quel genre de film, au juste ? - Toujours pareil, expose Robert, l'amour et l'aventure. Avec l'Afrique et ses mystères, vous voyez le genre. - Ah oui, soupire le commandant Parker, je vois en effet très bien le genre. Et pour votre histoire d'amour, vous avez pris quelle actrice ? - Céleste, dit Robert. Céleste Oppen.
Notre avis
Après quelques romans qui nous ont laissé sur notre faim, voici revenu le grand Jean Echenoz. Avec Bristol, plutôt qu’à une histoire, l’auteur s’attache à des personnages et à des situations. On se délecte du style qui a fait la signature d’Echenoz, ici poussé à l’extrême. Avec sa manière de s’adresser au lecteur entre confidence et complicité, ses comparaisons délicieuses et ses rythmes de phrases parfois mélodieuses, il parvient à maintenir l’attention, que ce soit avec des descriptions minutieuses ou des ellipses bien placées.
Sur fond d’enquête policière, de tournage de film et de rencontres singulières, Bristol est un roman où l’absurde côtoie le réalisme, où le récit n’avance que pour mieux se perdre, où tout s’entremêle et rien ne se dénoue. On sent que Jean Echenoz a pris plaisir à écrire le livre, usant du champ lexical cinématographique pour nous inviter à vivre des aventures rocambolesques ramassées sur les 200 pages de ce roman jubilatoire.