Résumé
Pour tout le monde, c'est un couple ordinaire. Pourtant, une fois la porte de leur appartement fermée, les visages changent. Humiliations, coups, bruits sourds, bleus masqués, voisinage ou amis niant la réalité constituent le quotidien de cette jeune mère de famille. Une histoire sur la violence conjugale.
Notre avis
Inès nous offre une histoire poignante et difficile à aborder : celle d'une femme battue régulièrement par son mari, dans l’espace secret et confiné de leur domicile. Dans ce roman graphique, Loïc Dauvillier et Jérôme D'Aviau nous plongent au cœur d’une réalité tristement familière qui touche beaucoup trop de femmes.
Dur et précis. Voilà comment décrire le récit que nous livre le duo Dauvillier / D’Aviau, paru aux éditions Glénat en septembre dernier. Inès reconstitue le quotidien d’une jeune femme sous l’emprise d’un homme manipulateur qui joue sur son sentiment d’insécurité afin de créer une relation de soumission et de dépendance toxique.
La narration de ce court roman graphique évolue ainsi dans une temporalité assez réduite, 24 h, et montre l’enfer vécu par les victimes des violences conjugales jusqu’à ses pires conséquences.
D’Aviau utilise avec maîtrise, pour cette histoire, un dessin en bichromie noir/blanc aux traits fins, lui permettant de rendre plus vive la tension cachée dans chaque geste et regard entre ses personnages. Les scènes sont souvent composées dans des carrés et dans des rectangles étroits, avec des forts contrastes d’ombres afin de créer une atmosphère d’enfermement et d’angoisse saisissante, capable d’émouvoir même le lecteur le plus détaché.
Bien que le format choisi par les auteurs ne nous permette pas d’aborder en profondeur la complexité ou la création des relations de codépendance (ce qui aurait peut-être permis aux lecteurs de mieux situer cette réalité tragique dans leur quotidien), il propose un portrait réaliste, doublé d’un essai de six pages à la fin du récit de la sociologue Pauline Delage, afin de mieux nous informer.
Inès peut s’avérer éprouvant à lire mais le talent narratif et esthétique de ses auteurs permettra sans doute aux lecteurs de trouver dans cette fiction les outils pour détecter et prévenir dans leurs quotidien les faits tragiques ici dénoncés.