Jacky

Passeron, Anthony (1983)
Public :
Ados/Adultes
Lien vers l'oeuvre

Résumé

Dans une vallée de l'arrière-pays niçois, à l'ombre des années 1980 et 1990, Anthony et son frère jumeau grandissent au coeur d'une famille soudée. Entre des grands-parents aimants, une cousine atteinte d'une maladie mystérieuse et un oncle plein d'entrain, ils passent leur temps libre devant les jeux vidéo - une passion nouvelle transmise par leur père, Jacky. De Space Invaders à Zelda, de Nintendo à Sega, les repères de cette jeunesse rurale se dévoilent par pixels. Les consoles deviennent peu à peu le refuge des deux garçons face au culte de la violence, à l'ennui d'un quotidien sans horizon ainsi qu'aux drames qui frapperont bientôt leurs proches... Jusqu'au jour où leur père quitte brutalement la maison. Anthony Passeron nous plonge dans l'insouciance de la fin du XXe siècle, avec ses promesses de prospérité et d'innovations technologiques. Dans cette chronique sociale douce-amère, l'auteur des Enfants endormis mêle son histoire personnelle à celle des grands inventeurs de jeux vidéo pour lancer un cri d'amour au père, malgré la blessure inguérissable de l'abandon.

Notre avis

Anthony Passeron avait été bouleversant en nous offrant Les enfants endormis il y a 3 ans, livre d'autofiction qui retrace l'histoire du Sida à travers son récit familial et à travers l'histoire socio-médicale. Jacky, tout aussi intime, suit la même structure : un chapitre personnel, un chapitre sur l'histoire vidéoludique. Cette non-prise de risque est un peu décevante au début mais finalement, cette recette fonctionne ! L'auteur de 42 ans nous montre à quel point nos vies sont étroitement liées à "la grande histoire", même si l'on parle ici d'ingénierie informatique, de stratégies commerciales internationales et de divertissement sur écran. Ce texte qui revient largement sur des souvenirs d'enfance (bons comme mauvais) est très touchant. L'écriture délicate et sobre parvient à nous faire parvenir beaucoup de choses.

Une lecture agréable bien que mélancolique, à conseiller dès l'adolescence. En bonus, les amateurs de jeux-vidéos trouveront leur compte : on en apprend beaucoup sur leur histoire, sur les différentes consoles, sur les firmes, les gros succès et les flops...de brefs passages didactiques mais pas trop pesants. Surtout, Anthony Passeron réussit avec brio à mêler le jeu-vidéo avec ses souvenirs familiaux les plus personnels, une association osée mais très intéressante d'un point de vue littéraire.