« Des gens comme vous, des gens à qui il arrive des choses belles, brutales, stupides. Les choses de la vie. Ces choses qui font qu’elle vaut d’être vécue ». Ce sont les phrases qui s’écrivent tout au long de la bande annonce du film qui marque un tournant dans l’œuvre de Claude Sautet. Après deux échecs publics, le réalisateur s’associe à Jean-Loup Dabadie afin de se renouveler. Et ce n’est pas peur dire, tant le changement de registre est radical. Avec Les choses de la vie, on entre dans l’ère de l’introspection. Le personnage de Pierre, semi-conscient, se remémore son passé, avec sa femme Catherine dont il est séparé, avec son fils, et surtout avec Hélène, une jeune femme qu’il aime, qu’il veut quitter, qu’il veut retrouver... Avec ce film, Sautet réunie pour la première fois Romy Schneider (Hélène) et Michel Piccoli (Pierre) et crée un couple inoubliable, fragile et mélancolique. Le film est aussi novateur dans sa mise en scène et son montage, avec un mélange de passé et de présent, un découpage subtil, un effet de rembobinage, l’utilisation du ralenti. La célèbre séquence de l’accident est une prouesse. Le montage subtil des 66 plans qui la constitue montre la maîtrise d’un réalisateur nourri au cinéma américain. Le film est également porté par la musique mélancolique de Philippe Sarde, jeune compositeur qui signe ici sa première bande originale et qui restera fidèle à Sautet jusqu’à son dernier film. Pour Les choses de la vie, Sarde écrit avec Dabadie La chanson d’Hélène qui ne se trouve pas dans le film car elle déplaisait à Claude Sautet. Mais elle est toutefois sortie en parallèle et connaît toujours un grand succès, reprise régulièrement par divers artistes.