Le journaliste Ramsès Kefi se lance dans un premier roman avec un sens aigu du récit et une analyse fine du quartier de La caverne situé en lointaine banlieue. Cette histoire de vieux garçon de 36 ans vivant encore chez ses parents pouvait au premier abord sembler banale, voire stéréotypée. Mais dès les premières pages, la subtilité du regard de Kefi balaie les préjugés et l’auteur, évitant les clichés, nous offre un portrait nuancé et profondément humain de cette situation familiale complexe. Quand Amani s’en va en ne laissant qu’un mot laconique, une véritable enquête se met en place en même temps que la remise en question d’un socle qui semblait immuable.
On ressent la justesse du journaliste dans sa manière d’observer la vie à La caverne avec précision et tendresse, sans juger ni idéaliser. Si l’auteur montre les habitants comme une entité à part entière, soudée, mutique, parfois jugeante, certains sont décrits avec leurs personnalités unique. Il y a le patron bienveillant du PMU, il y a Archie, l’ami d’enfance fidèle, torturé mystérieux mais plein de ressources. Puis il y a Salmane et Hedi. Le « sous-fils » et le père secret qui peine à exprimer ses sentiments. Ces deux-là vont être obligés de réapprendre à se connaître tandis qu’Amani s’en est allée, laissant son amoureux accablé, et alors que l’idylle naissante de Salmane perturbe un quotidien déjà ébranlé par un changement soudain.
Quatre jours sans ma mère parle de secrets de famille, de vies brisées, de résilience et d’obstination. C’est un roman qui dit avec sensibilité qu’il faut apprendre à se libérer, à croire en ses rêves et à pardonner pour avancer. Et il nous montre la mue d’un adulescent qui, à travers les épreuves que lui fait traverser son enquête, parvient enfin à passer à l’âge adulte. Un premier roman émouvant qui confirme que Ramsès Kefi a su transformer son regard de journaliste en une plume de romancier accompli.