Résumé
The Cure revient avec son tout nouvel et quatorzième album studio Songs Of A Lost World. Il s'agit du premier album du groupe depuis seize ans.
Notre avis
The Cure, groupe mythique et essentiel, n’avait plus produit d’album depuis seize longues années. C’est peu de dire que Songs of a Lost World était attendu, d’autant que les sommets de la bande de Robert Smith remontent à loin (Disintegration, 1989), ce qui fait que l’arrivée d’un nouvel opus était mêlée d’espoir et d’inquiétude. Mais on peut compter sur l’expérience d’un groupe qui ne s’est jamais renié et qui a pris le temps de murir les huit chansons qui hantent l’album.
La pochette, en noir et blanc, mettant en scène une sculpture de l’artiste slovène Janez Pirnat nous prépare au spleen gothique qui nous attend. Et, en effet, à peine le diamant posé sur les sillons, nous voici retournés en terrain connu. Un son, une ambiance, une longue introduction qui nous emmène jusqu’à l’arrivée du timbre unique et réconfortant de Robert Smith. « C’est la fin de chaque chanson que nous chantons / Le feu est devenu cendre et les étoiles se sont réduites en larmes (…) Nous étions toujours sûrs que nous ne changerions jamais / Et tout s'arrête. Nous étions toujours sûrs que nous resterions les mêmes / Mais tout s'arrête ». Avec ce titre crépusculaire, The Cure revient dans l’arène en conquérant.
Certes, quelques faiblesses entachent l’album (les cordes datées et envahissantes sur And Nothing is Forever et le sur plus faible All I Ever Am), mais partout ailleurs nous retrouvons les qualités qui font de The Cure l’un des grands groupes du rock.
Car Songs of a Lost World atteint souvent des sommets. Dès l’ouverture avec Alone, mais aussi avec A Fragile Thing, l’une des deux poignantes chansons d’amour (avec And Nothing Is Forever), entêtante dans laquelle l’auteur laisse la parole à l’être aimé. Le texte et la musique s’y marient à merveille.
Toute la mélancolie du deuil pèse sur I Can Never Say Goodbye, chanson écrite par Robert en hommage à son frère Richard.
Drone:Nodrone, morceau le plus tonique et entraînant dans son orchestration de métal est diablement efficace.
Et nous atteignons les sommets avec Warsong et Endsong. La première, chanson la plus courte et la plus sombre de l’album, se désespère de l’incapacité des hommes à connaître la paix et de son incapacité à tirer les leçons des horreurs de la guerre. Quant à Endsong, c'est un titre de plus de dix bonnes minutes dont plus de six d’introduction, inspiré par une nuit étoilée et qui termine l’album comme il avait commencé : « Laissé seul sans rien à la fin de chaque chanson / Sans rien / Rien ». Dans une formidable luxuriance, la chanson hypnotise l’auditeur.
Le vieillissement, la mort, le doute, l’amour sont les thèmes qui hantent ce nouvel album qui a su garder la saveur gothique des origines. Car The Cure reste sûr de sa recette et continue de suivre un chemin unique et nécessaire. Le groupe a pris le temps de murir afin de nous offrir l’essentiel de leur savoir-faire. Et même si Songs of a Lost World n’atteint pas le niveau des chefs-d’œuvre antérieurs, il opère un retour fascinant.