Fermer les yeux

Erice, Victor (1940-....)
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Ados/Adultes
Lien vers l'oeuvre

Résumé

Julio Arenas, un acteur célèbre, disparaît pendant le tournage d'un film. Son corps n'est jamais retrouvé, et la police conclut à un accident. Vingt-deux ans plus tard, une émission de télévision consacre une soirée à cette affaire mystérieuse, et sollicite le témoignage du meilleur ami de Julio et réalisateur du film, Miguel Garay. En se rendant à Madrid, Miguel va replonger dans son passé...

Notre avis

Cinéaste trop rare, réalisateur de seulement quatre longs métrages depuis 1973 et le magnifique L’esprit de la ruche, Víctor Erice ravive les émotions avec ce nouveau film dont l’annonce de la sortie a suscité une grande attente et qui s’avère à la hauteur des espérances.
Au fil des presque trois heures que dure le film, il est question de disparitions. Un homme est chargé de retrouver la fille de M. Levy, sorte de personnage buñuelien transposé chez Olivera qui règne sur le domaine de Triste-le-Roy. Cette première partie géniale s’interrompt brusquement. Il s’avère qu’il s’agit d’un film dans le film resté inachevé suite à la disparition subite de son acteur principal Julio Arenas. Nous nous retrouvons désormais plus de vingt après le tournage lorsque le réalisateur Miguel Garay est contacté pour participer à une émission télévisée intitulée Mystères non résolus. C’est le point de départ qui va mener Garay à la recherche de son ami disparu, autant qu’à celle de ses souvenirs et de son identité. Une plongée malgré lui vers ce qui a été un grand moment de sa vie. Víctor Erice prend son temps pour nous promener dans diverses contrées, dans diverses périodes, nous faire entrer dans les pensées de Miguel Garay. On ne peut que songer à un autoportrait quand Erice nous montre l’isolement du réalisateur et écrivain en retraite qui vit loin de tout dans une caravane, avec un jeune couple pour voisin et un ami pêcheur.
Avec son dernier film, Víctor Erice explore la mémoire, le souvenir et l’oubli. Il y questionne aussi le cinéma qui est mis en perspective avec maestria. Ainsi on appréciera les belles scènes montrant Garay et son ami archiviste Max, collectionneur de bobines. Erice fait tout cela dans un bel élan de mélancolie, nous offrant de nouveau un grand film persistant.
Saluons pour terminer les performances de Manolo Solo, José Coronado et Ana Torrent qu’Erice retrouve 50 ans après son premier rôle dans L’esprit de la ruche. Des retrouvailles avec celle qui jouait une petite fille découvrant le cinéma avec émerveillement, et qui incarne aujourd’hui la fille d’un acteur disparu. Quel bel hommage au cinéma.