Pas mal non ? C'est français #2 Ultra vomit
A la croisée des genres, il existe multitude de fusions surprenantes qui se révèle accrocheuse une fois l'ouïe formée. Ultra vomit fait partie de cette catégorie en étant pionner d'un genre en France : le métal parodique.
L'occasion à travers cet article de mettre un coup de projecteur (ça fait mal, on vous l'accorde) sur ce groupe à la carrière surprenante et qui fête cette année ses 25 ans d'existence.
La rédaction s'excuse par avance de la multitude de jeux de mots dans cet article... l'excuse de l'hommage sera donc utilisé.
Mille nonante cent no Nantes neuf : et tout par de Caramail
C'est dans la ville de Nantes que trois comparses se rencontrent - selon la légende, sur Caramail, ancêtre de Skyblog, ancêtre de MSN, ancêtre de Messenger, ancêtre de Whattsapp - pour former le groupe Ultra vomit : Camille Poitier, Nicolas Patra (alias Fetus) et Emmanuelle Colombier (alias Stickskiller puis Manard); respectivement à la basse, chant/guitare et batterie.
La première particularité du groupe est le nombre de référence commune en humour. En effet, si bon nombre de groupes se formaient autour de musique et de groupe communs; Ultra Vomit a priorisé l'axe de l'humour (les Inconnus par exemple). De l'aveu de Fetus et Manard, les références musicales métal étaient diamétralement opposés : là ou Fetus privilégiait la musique extrême comme le Grindcore, Manard se concentrait plus sur le Heavy metal (deux styles complètement différent donc). Si certaines références étaient communes (comme Sepultura), l'humour restait prioritaire comme d'autres genres musicaux (tel Michael Jackson).
M. Patate : l'album qui donne la frite
C'est en 2004 que le groupe sort son premier album : M. Patate. Le ton est donné d'entrée de jeu : 26 minutes, 22 titres. La plupart font à peine une minute - 12 secondes pour la plus courte, presque 5 minutes pour la plus longue -, le tout dans une atmosphère proche du Grindcore. Le groupe parodie (Une souris verte version extrême), laisse place à son humour (Judas Prost, mélange de Judas Priest et Alain Prost) et impose des classiques (I like to vomit, sur l'air de I like to move it).
Le succès est relativement discret, et il faudra attendre quelques années pour la première consécration.
Objectif Thunes : Objectif flemme
En 2008 sort donc le deuxième album du groupe : Objectif Thunes. Après deux changements de bassiste, Ultra Vomit en recrute un autre et engage également Fabien Le Floch (alias Flockos) comme second guitariste.
Le groupe reprend la base de leur premier album : beaucoup de titres (24 au total), très court, mais une durée d'album un peu plus longue - 40 minutes -.
L'humour est plus travaillé et laisse place à de nombreux crossover d'univers, style propre au groupe quand on sait les conditions de fondation d'Ultra Vomit. Les clients (c'est comme ça qu'ils appellent leurs fans) peuvent donc découvrir Pour un mosh avec toi, version métal de Pour un flirt avec toi de Michel Delpeche; Morbid Cocker, version métal de You can leave you hat on de Joe Coker ou encore Mechanical Chiwawa : savoureux mélange entre l'instrumental de Marylin Manson et les paroles... de Carlos.
L'album rencontre un succès plus notable et le groupe part en tournée avec ce matériel sous la main. Les années passent, les concerts s'enchainent et la perspective d'un nouvel album relève presque d'une blague. D'un aveu commun, la flemme sera la raison principale qui poussera le groupe à produire neuf ans plus tard son troisième album.
Panzer Surprise : tank à faire, pourquoi pas le disque d'or ?
C'est en 2017 qu'Ultra Vomit sort, contre toute attente, son troisième opus : Panzer surprise. Le groupe gagne en longueur (22 titres pour quasiment 40 minutes), surtout au niveau des titres phares qui peuvent faire 2 à 3 minutes.
Le groupe pousse la satire plus loin puisque quelques groupes français y passent : Un chien géant pour Tagada Jones, Calojira pour Gojira (et Calojero). D'autres groupes internationaux sont aussi cuisinés par le groupe, comme Anthracte (parodie d'Anthrax), Pink Pantera (parodie de la panthère rose et Pantera) ou encore le désormais célèbre Kammthaar, parodie de Rammstein.
L'album gagne également en matière de production et de mixage car le groupe passe par le label Verycords et l'album est mixé par Fred Duquesne, connu entre autre pour son rôle de guitariste au sein de Mass Hysteria.
Tout ce mélange prend et le travail est récompensé puisque l'album sera certifié disque d'or, récompense très rare dans le milieu du métal francophone. A partir de là, le groupe tourne dans des salles plus prestigieuse comme l'Olympia.
Ultra vomit et la puissance du pouvoir : Et sinon, vous mettez toujours 9 ans entre chaque album ?
Le succès de Panzer surprise rend l'attente étrangement moins longue et c'est en 2024 que sort le dernier opus : Ultra Vomit et la puissance du pouvoir.
Si la longueur reste intacte - toujours une quarantaine de minute -, le groupe raccourcit ses pistes en passant à 17.
Là ou Panzer surprise parodiait essentiellement le métal, La puissance du pouvoir se rapproche plus d'objectif thunes en parodiant la musique de manière générale. Dead robot Zombie cop from outer space II est un savoureux mélange d'Enter sandman de Metallica, la chanson Hard-rock des Inconnus... et du générique de Cat's eye ! Ricard Peinard s'attaque à Renaud, Doigts de métal laisse place à une incroyable imitation d'Orelsan, Ultrus Crew parodie Stupeflip et La puissance du pouvoir laisse place à une imitation dans les règles de l'art de Johnny !
A cette occasion et combiné à leur 25 ans de bons et loyaux services, Ultra Vomit fera la tournée des Zenith en France.
La recette d'un succès
Soyons francs, l'humour potache d'Ultra Vomit peut parfois en rebuter plus d'un. Les chroniques parle souvent d'adulescents et Flockos chantera lui-même dans le morceau Ultrus Crew "Ca fait 20 ans dans le métal qu'on a 6 ans d'âge mental". Le ton est donné !
Pourtant, au niveau de la construction parodique, Ultra Vomit excelle. La surprise est souvent le maitre mot et lorsqu'on commence l'écoute d'une musique, on ne sait pas à quoi s'attendre. Cela va du guest improbable (Patrick Baud, célèbre Youtuber de la chaine Axolot qui fait un discours sur la chanson Takoyaki) à une chose qui sort complètement des carcans de la musique (Le coq, qui n'est ni plus ni moins qu'une musique avec un coq qui chante...)
La parodie excelle aussi au niveau des références et le mélange d'univers improbables contribue à donner un gout particulier à leurs morceaux.
Enfin, le souci du détail. Que ce soit Fetus avec ses imitations qui réussi à capter les petits tics de langage ou les musiciens qui s'imprègnent de l'univers sonore à parodier (sur le titre Calojira, Manard, le batteur, utilise la même ligne de batterie que Mario Duplantier sur le morceau Vacuity), chaque petit détail compte pour que la parodie n'en soit que plus vrai.
Même si le groupe peut tomber dans le graveleux bas de plafond (trop souvent de blague autour de l'étron, et on ne vous parle pas des arbres), leurs concerts sont souvent synonyme de grande fête ou l'amusement et la rigolade sont maitres mots !
N'hésitez pas à emprunter les CD du groupe disponible sur le Réseau des médiathèques !