Pas mal non ? C'est français #3 Alcest
Voguant entre le shoegaze (un style de rock), la folk et le métal, Alcest est par définition même l’incarnation de la poésie. Apaisant, torturé parfois, voire solaire, la musique d’Alcest fascine autant qu’elle intrigue dès la première écoute. Stéphane Paut, chanteur et tête pensante du projet, définit sa musique comme quelque chose de printanier. L’occasion de présenter la musique et l’âme du groupe à travers les quatre saisons.
L’hiver, rude et fugace : Tristesses hivernales

A ses débuts, Alcest se présente comme un groupe de black métal : musique extrême et codification physique propre au genre, comme la peinture corporelle. L’EP qui en résulte, Tristesses hivernales, représente la froideur de l’hiver, en témoigne aussi la pochette. Un début sombre mais qui sera présent dans la composition du groupe à travers le chant.
Lorsque l’automne et le printemps se succèdent : Le secret jusqu’au Voyages de l’âme

La parenthèse hivernale permet à Neige -alias de Stéphane Paut- de se recentrer sur le devenir de son groupe. Cela passe déjà par la séparation avec les autres musiciens : ne reste que lui, seul, pour assurer le renouveau du groupe. Cette première étape passe par Le secret, un EP de deux titres (dont un, Elévation, tiré du poème de Charles Baudelaire). La musique change et passe d’un black métal froid à du shoegaze plus lumineux, emprunt à la renaissance du printemps. Les premières fondations sont posées : Neige garde son chant guttural mais préfère un son de guitare saturé avec des accords et une rythmique proche du folk et des ballades. Il fera tout tout seul, comme pour marquer une scission avec le premier EP.

Le premier album, Souvenirs d’un autre monde, finit d’achever les fondations et cristallise le fondement même de l’âme d’Alcest. Winterhalter rejoint Neige en tant que batteur, Neige s’occupant des autres instruments. Enfin, Neige écrit et chante une expérience sensorielle qu’il avait vécu dans son enfance. Alcest lui permet de retranscrire en musique et en parole cette expérience unique, leitmotiv du groupe jusqu’à aujourd’hui. Souvenirs d’un autre monde représente parfois l’éveil du printemps comme la nostalgie de l’automne, notamment à travers le titre éponyme.

Ecailles de Lune conserve cette froideur réconfortante (grâce au chant principalement, plus torturé) et l’artwork de l’album dessiné par Fursy Tessier permet de s’imprégner de cette ambiance.

L’album suivant, Les Voyages de l’âme, passe de l’ambiance automnale aux lueurs douces printanières avec des musiques plus enjouées. Fursy Tessier est encore à l’œuvre sur le nouvel artwork, emprunt au soleil et une exposition de couleur froide, représentant à merveille le contraste entre l’émerveillement et la plénitude.
La chaleur de l’été : Shelter

Shelter, sorti en 2014, reste encore à ce jour l’album le plus accessible du groupe : tout ce qui avait attrait au métal disparait pour ne conserver que la mélodie, cette fois-ci encore plus douce. La couverture n’y trompe pas, l’été est là, et Alcest nous y invite avec ses mélodies folk radieuses.
Le parterre de feuilles mortes et les percées de lumière : Kodama et Spiritual Instinct

L’album Kodama permet au groupe de revenir à sa formule phare, plus brute, en donnant plus de « peps » à sa composition. L’aspect nostalgique s’efface sans pour autant perdre en intensité mélodique. Kodama et Spiritual Instinct s’aligne sur cette nouvelle composition, plus enclin à la musique se référant au printemps affirmé par Neige.

Le long été : Les chants de l’aurore

Dernier album en date, la musique et la couverture invite l’auditeur à la flânerie estivale. Plus mélodieux, plus joyeux, les chants de l’aurore sont une véritable invitation à l’été ! L’Adieu, musique de conclusion, referme l’album avec maestria avec ce chœur à l’unisson.
L’année se terminant, quoi retenir ?
Alcest fait partie de ces groupes dont l’aspect sonore est reconnaissable entre mille. Touchante, émotionnelle, personnelle et puissante, la musique d’Alcest semble résonner en nous, comme si la musique avait ce pouvoir de grâce de toucher l’âme ou une corde sensible en nous. Un poème de plus de vingt ans, dont Neige sera l’architecte verbale tout en incluant d’autres poètes comme Baudelaire ou Apollinaire à cet amalgame de mots et de musiques.
